Christian Bobin (1951 - 2022) è stato uno scrittore e poeta francese,
vincitore del premio Prix des Deux Magots nel 1993 e del premio Prix de
l’Académie Française nel 2016.
Dal libro di Christian Bobin, « La lumière du monde » Paroles réveillées et recueillies par Lydie Dattas.
"Il y a plus de texte écrit sur un visage que dans un volume de la Pléiade et quand je regarde un visage, j'essaie de tout lire, même les notes en bas de page. Je pénètre dans les visages, comme on s'enfonce dans un brouillard, jusqu'à ce que le paysage s'éclaire dans ses moindres détails. Lire ainsi l'autre, c'est favoriser sa respiration, c'est-à-dire le faire exister. Peut-être que les fous sont des gens que personne n'a jamais lus , rendus furieux de contenir des phrases qu'aucun regard n'a jamais parcouru. Ils sont comme des livres fermés."«La rencontre est le but et le sens d'une vie humaine. Elle permet qu'on ne la traverse pas en somnambule. Quand mes yeux se fermeront, ils le feront sur une immense bibliothèque constituée par des visages qui m'auront ému, troublé, éclairé. Un visage est éclairant quand un être est bienveillant et qu'il est tourné vers autre chose que lui-même. Le soin qu'il prend de l'autre, l'illumine, le rend vivant. Il capte une lumière et la renvoie. C'est quelque chose de rare. La richesse de cette vie est faite surtout de visages et de quelques paroles".
Rencontrer l’autre… « Il est extrêmement rare de rencontrer quelqu’un, qu’on voie beaucoup de monde ou qu’on soit ce qu’on appelle un solitaire. La plupart des gens rendent très difficile de les rencontrer parce qu’ils ne sont pas vraiment dans leur parole ou parce qu’ils sont sans âme. Je fais toujours à l’autre le crédit de la nouveauté incroyable de son existence, mais ce crédit va s’user si l’autre a gâché cette merveille-là pour devenir comme tout le monde.
Comment parler avec personne ? C’est impossible. Parfois, le désir de partager est si fort que je vais quand même tenter ma chance, mais c’est souvent en vain : les opinions ne m’intéressent pas. Ce qui me touche, c’est quand l’autre a mis tout le poids de sa vie dans la balance des mots et que sa pensée s’appuie sur ça… Quand je suis né, on m’a proposé le menu du monde et il n’y a rien de comestible. Mais quand l’autre est vraiment avec moi : je bois une gorgée d’air, je mange une cuillère de lumière. »
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